Le bookcrossing est un concept de partage, organisé autour des thèmes du livre et de la lecture. Il séduit de plus en plus d’adeptes à travers la planète. L’avènement de Internet aidant, le bookcrossing a, en seulement quelques années, pris des envergures telles que la pratique est en passe d’être à l’origine d’une véritable communauté de bibliophiles qui vivent la lecture de manière étonnante et originale. Les prémisses du bookcrossing voient le jour aux États-Unis avec un passionné du livre du nom de Ron Hornbaker. Le personnage y lance les bases de cette nouvelle approche de la lecture au cours du printemps 2001. Une fois son site développant le concept mis en ligne, il ne lui a pas fallu longtemps pour s’attacher l’intérêt de nombreux suiveurs férus de lecture, au point que le cap des milliers de fans est vite dépassé. L’esprit bookcrossing anime en ce moment une communauté de plusieurs millions d’individus. Non seulement au pays qui fut le berceau de cette approche, mais au-delà de ses frontières. De nombreux lecteurs invétérés, d’une dizaine de nationalités européennes, ne jurent plus que par le BX, sigle utilisé par les connaisseurs pour désigner le phénomène.           

L’utilité de ce concept           

 Celui-ci connaît son propre public en France, depuis 2003 où s’est tenu le premier rendez-vous de « libération d’ouvrages ». Concrètement, le bookcrossing se présente de manière assez simple. Il s’agit de donner ses livres en lecture à d’autres personnes en suivant un schéma précis. Le pratiquant du BX abandonne romans, recueils de poèmes et autres essais qui l’ont marqué dans un endroit donné, où ceux-ci pourraient être repérés et récupérés par d’autres lecteurs.            

Les spécialistes considèrent le geste d’abandonner le support comme l’essence même de l’activité. L’autre intérêt du bookcrossing réside dans le fait que l’on va pouvoir suivre le trajet singulier qui sera celui du livre, à partir du moment où une tierce personne va mettre la main dessus. Ainsi, à l’instar des autres espaces publics outre-Atlantique et dans les pays voisins, les bancs publics et autres paillasses de bistrots français deviennent le point de départ de milliers d’histoires de livres que le propriétaire-contributeur va pouvoir suivre en temps réel sur le Net. C’est d’ailleurs là, sur un site consacré, que l’aventure réelle va commencer. Chaque individu qui lâche un livre se tient en effet d’y récupérer un identifiant qui s’annexera à l’ouvrage pour pouvoir suivre son évolution. Pour ce faire, la personne à l’origine d’un nouveau cycle de bookcrossing trouvera tout simplement dans son courriel des messages l’alertant que quelqu’un a posté des avis sur le livre qu’il a libéré. Il est utile de préciser que le processus est entièrement gratuit. L’on peut s’interroger sur la finalité de cette activité.              

Bookcrossing : Une philosophie au delà du côté ludique

Le côté purement ludique du bookcrossing ne réduit en rien ses multiples avantages, autant pour l’individu que dans le développement d’une autre forme de communauté. La pratique du bookcrossing permet d’assurer un souffle de vie permanent à ses rayons de bibliothèque. Finis les ouvrages qui dorment là pendant des années sans que l’on sache trop quoi en faire puisqu’on les a relus maintes fois déjà.

 Le fait de donner les livres qui ont laissé des traces fortes en soi constitue une manière de perpétuer ces marques. Ainsi ça permet de les ré-expérimenter dans une démarche de partage enrichissant pour soi et pour d’autres. Et c’est là tout le côté convivial de cette pratique. En outre, l’activité pousse les lecteurs à quitter leur retranchement et à aller à la rencontre d’autres bibliophiles. Ces rencontres ne se cantonnent pas obligatoirement aux thèmes du livre. Elles peuvent se révéler comme un excellent moyen d’initier des relations plus approfondies avec des personnes partageant sa passion. Malgré sa popularité rapidement grandissante, le BX n’a pas été sans occasionner des réserves. Notamment de la part des ayant-droits sur les ouvrages qui seraient éventuellement intégrés dans le cycle. La principale crainte étant de voir le commerce du livre faire les frais de cette forme de lecture gratuite. Selon la majorité des sites spécialisés, il n’en est rien. D’ailleurs, de nombreux éditeurs prêtent main forte à la pérennisation de cette activité sociale singulière.